Jeudi 19 mai
Arrivée 14h à Marseille, je suis en avance. Me voilà prête à débuter une nouvelle expérience: le salon des publications de femme et ma première intervention sur une estrade. Le salon n'ouvre ses portes qu'à 17h me laissant amplement le temps d'arpenter les rues et ruelles, de m'imprégner de la ville et de son ambiance. Je marche le long de la canebière et descend sur le vieux port. Me posant sur les marches, je fais face à Notre Dame de la Garde. Le mât des bateaux, l'église majestueuse et les maisons colorées m'offrent un joli spectacle. Je me sens sereine.

Le salon débute par l'inauguration d'une exposition poignante sur les camps de Ravensbruck, qui avaient emprisonnés plus de 130 000 femmes. S'enchaîne ensuite une conférence/débat en forme de table ronde sur le thème "résistance et engagement". Une des personnes invitées, une journaliste Mina Kaci, nous présente son livre, témoignage d'Aissatou, jeune fille du Nigeria enlevée à 14ans par Boko Haram. Son élocution est poignante, vibrante. Le texte est fort, l'histoire rude mais bien réelle. Mina m'impressionne également par son regard sur le monde et sur cette jeune femme, si forte après ce qu'elle a vécu. Comment passer après ce témoignage, cette ferveur sur l'engagement humain mais aussi sur les horreurs qu'il peut perpétrer ?
Je me dirige alors vers l'estrade, une quarantaine de personnes me font face, j'ai le micro en main. Je me lance, humblement, me demandant comment transmettre ma petite histoire face à ces femmes qui en ont connu de si grande. Alors je raconte mon parcours, mon cheminement jusqu'à mon départ en Thaïlande, les étapes cambodgiennes et puis le grand saut... Le départ et l'engagement auprès des enfants migrants de Chiang Mai, ma contribution et le retour de mon action, des mois après, tellement important. C'est grisant cette sensation, je croise le regard de certaines et je sens de l'encouragement. Alors je m'y accroche et je termine. Mon seul regret, que je prends à présent comme un bel apprentissage, est de ne pas avoir lu un extrait du livre, chose que j'ai pu voir faire le lendemain lors d'une nouvelle "parole aux écrivaines".

Je finis la soirée dans un bar jazzy sur le vieux port. Je suis à Marseille, autant en profiter non ?
Vendredi 20 mai
10h, je participe à l'atelier d'écriture organisé sur le thème de l'engagement et de la résistance. Marie-Jo est une belle révélation. Un petit aperçu de ce que j'ai écrit, sur un brouillon griffonné, raturé, les idées se déversant mais appelant à se clarifier, s'affuter:
Entendez-vous au loin le chant des femmes
Négligées ? Dans leurs voix déterminées résonnent leur coeur
Grandir: tel est leur objectif, leur aspiration... leur drame.
Avec patience et persévérance, elles se battent, meurent
Grondent. Leur ferveur est inspirante, miroir sur leur âme.
Etonnez-vous, engagez-vous, soutenez les
Mais ne cédez pas, ne cessez jamais de croire en vos idéaux
En ces temps troubles où chacun cherche ses convictions, où aller
N'attendez plus, respirez, prenez la parole et articulez vos maux
Trempez vos lèvres dans cette révolution humaine et savourez la.

La soirée s'achève, forte de ces discours, accolades, rires et émotions, je sors et redescends sur le vieux port. Les idées fusent, les mots tourbillonnent, quelle émulation ! Alors ma confiance reprendra le dessus, grandie de cette expérience plus qu'enrichissante: inspirante.

Samedi 21 mai
Dernière matinée, c'est la fin, et quelle fin ! Documentaire sur Thérèse Clerc puis table ronde avec Djemila et Horria, moments intenses de reflexion, d'échanges, de débats. Et puis viennent les accolades, les encouragements à nouveau et les embrassades. Nous nous reverrons. Merci les filles pour cette magnifique rencontre !
En attendant des photos de l'évènement lui même, je vous mets quelques photos de Marseille, tant qu'à faire !